Héra, peinture cosmique pour oracle mythologique

Pour des raisons plus ou moins fondées, je n’ai jamais pu voir Héra en peinture. Je la trouve cruelle, injuste dans ses colères et de manière générale, ses attributions m’ennuient. 

Pourtant, c’est la deuxième déesse que j’ai choisi d’illustrer pour mon oracle parodique sur la mythologie grecque. J’espère avoir su la mettre en beauté sans laisser mon aversion prendre le dessus. Aversion sans doute exagérée quand on sait qu’Héra doit se coltiner Zeus toute la journée, je le reconnais !

Héra en peinture, où on voit ma main peindre ses bijoux

Héra, une peinture revisitée

Il faut savoir que même si je n’aime pas spécialement Héra, je l’ai déjà peinte à mes débuts. Elle faisait partie de mes premières déesses illustrées à l’aquarelle, avec Perséphone et Aphrodite. 

Je cherchais encore mon style à cette époque, mais cela reste une de mes aquarelles préférées.

J’ai décidé de reprendre une partie de la composition de cette première version et de m’en servir comme base pour cette nouvelle peinture d’Héra.

Je te montre à quoi ressemble l’inspiration de base : 

Protectrice des mariages, Héra est une épouse à la fidélité inflexible, en dépit des frivolités de volage époux Zeus
La première version d’Héra en peinture remonte à 2019 – Aemarielle

Les modifications du nouveau dessin

Si la pose est similaire, beaucoup d’éléments changent sur cette nouvelle Héra

Des changements anatomiques

Fini le bras dans les cheveux (je ne savais pas trop quoi en faire dans la première version). Aujourd’hui, Héra tient un éventail en plumes de paon à la main, proche de son visage comme pour dissimuler des secrets.

J’ai aussi modifié quelques détails de proportions dans le visage et sur le corps de la déesse. Et c’est son sein droit qui est nu désormais.

J’ai conservé sa robe dont j’aime beaucoup le plissé et ça m’a donné l’idée d’y inclure des vagues et de l’écume. Une sorte de robe issue de la mer que n’aurait pas renié Peau d’âne, je pense.

Un décor différent

Dans ma première version d’Héra en peinture, j’avais peint un fond très simple où l’on distinguait de vagues silhouettes de bâtiments derrière elle.

Pour cette version revisitée, je suis partie dans un fond de galaxie. Après tout, Héra ne fait pas partie de notre monde. Je voulais qu’on sente qu’elle contemple nos agissements (et nous juge très fort) depuis les hauteurs.

Et puis bon, peindre une galaxie, c’est quand même très amusant !

Les grandes étapes quand je peins une aquarelle

Le choix du papier

Ma première version d’Héra est peinte sur du papier pressé à chaud. C’était mon papier de prédilection à mes débuts car il a l’avantage d’être lisse et satiné. Or à cette époque, je dessinais le tracé de mes dessins à l’encre de Chine avant de peindre. 

L’inconvénient du papier pressé à chaud, c’est son niveau d’absorption d’eau et sa “fragilité” face à certaines techniques.

Or, j’ai besoin d’un papier qui résiste à des traitements particulièrement exigeants, comme de multiples détrempes, la pose de fluide de masquage et autres joyeusetés.

Aujourd’hui, je travaille exclusivement avec du papier pressé à froid. Le grain fin en fait une calamité à encrer, mais je n’utilise presque plus cette technique, donc ce n’est pas gênant. Par contre, sa résistance est parfaite pour mes besoins. 

La palette de couleurs

Certains artistes font des recherches de couleurs poussées avant de se lancer dans la peinture. Nuancier, essais couleurs, tests en tous genres. 

J’aimerais parfois être aussi prévoyante. 

Mes recherches couleurs ont généralement lieu dans ma tête. J’ai une idée assez claire de l’ambiance que je recherche dans mes aquarelles et ma palette idéale est généralement restreinte.

Pour Héra, ma peinture reprend des éléments de la première version, ça simplifie encore mes préparatifs. 

Je sais que la robe sera dans des tons turquoise (du bleu vert) et naturellement, le ciel cosmique m’apparaît dans des tons rose violacés. 

Si je partais sur des palettes plus étendues, là je ferais des essais préalables. Mais là, je peux déjà voir Héra dans ma tête et ça me plait.

Protéger le personnage

L’étape préparatoire la plus longue et fastidieuse consiste à protéger Héra avant de m’attaquer à la galaxie à l’aquarelle. J’aurais pu opter pour une couche de fluide de masquage à poser au pinceau, mais Héra prend de la place et je ne veux pas couvrir une aussi grande surface de fluide.

Alors comme pour l’illustration de Zeus, je m’empare de mon rouleau d’adhésif et je pose des morceaux sur ma déesse.

Le défi consiste ensuite à découper soigneusement les bords de l’adhésif en suivant le tracé du dessin, sans découper la feuille de papier au passage.

C’est une affaire de patience et de doigté, mais ça simplifie tellement les choses plus tard.

Je devrais la laisser comme ça, elle est bien, non ? 🙂

Peindre le fond

Peindre une galaxie n’est pas compliqué si on a la technique et le matériel approprié. Ici, je parle d’un papier qui va garder l’humidité suffisamment longtemps pour poser les pigments sur toute la surface de la feuille et les laisser fusionner.

Si le papier est trop sec, la fusion ne fonctionnera pas bien et je me retrouverai avec des marques disgracieuses au lieu d’un joli fondu de couleurs.

Ma première couche est un magenta très dilué pour commencer à construire ma galaxie. Ensuite, je pose quelques notes de turquoise ça et là. Petit à petit, je fonce mon mélange et je pose des strates de plus en plus sombres, en prenant soin de préserver une zone claire qui servira de voie lactée.

Je ne compte plus le nombre de couches que j’ai superposées pour obtenir mon ciel étoilé. C’est une affaire de goût, il n’y a pas de règles. Je m’arrête quand le résultat me convient. Il m’a fallu une soirée de peinture pour obtenir le ciel que je voulais.

Reste à peindre les étoiles. J’en ai préservé certaines en amont avec des pointes de fluide de masquage, et je peins les autres à la gouache, tout simplement.

Le meilleur pour la fin, la déesse Héra

Au cas où ça ne se verrait pas, j’adore peindre la peau à l’aquarelle. J’aime trouver des nuances naturelles, travailler les reflets, les ombres, le grain de peau.

Pour Héra, la peinture de la peau allait être très intéressante car il y a une belle surface !

Comme pour le fond, le travail sur la peau exige de multiples couches. À l’aquarelle, on peint toujours du plus clair au plus foncé.

Je pose une base très diluée d’un jus rouge et ocre pour donner le ton. Je construis déjà les lumières en retirant la couleur sur les reliefs du visage, le sein et les doigts.

Les premières couches de peau de la déesse Héra

Petit à petit, je renforce mon mélange avec du bleu et je construis les ombres.

Les ombrages

Pour finir, je pose un glacis avec un mélange rouge ocre transparent sur papier sec pour donner une couleur bien bronzée à Héra.

La partie vraiment amusante consiste à la maquiller avec des lèvres bien foncées et quelques touches de fard sur les yeux. Le crayon de couleur est idéal pour un regard appuyé.

Héra – peinture en vidéo

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Pourquoi je n’aime pas beaucoup Héra

Mais Aemarielle, pourquoi cette animosité envers la déesse Héra ? 

Bon, on ne va pas se mentir, ce n’est pas la plus sympathique des déesses. Protectrice du mariage, elle-même vit enfermée dans une union tumultueuse. Sœur et épouse malheureuse de Zeus, elle se dispute constamment avec ce dernier, qui multiplie les infidélités.

Une déesse maladivement jalouse

Son infortune maritale pourrait me pousser à éprouver de la compassion pour elle, mais ce serait oublier qu’elle préfère punir les amantes de son époux et leur progéniture plutôt que de s’en prendre directement à lui.

Et on sait qu’aucune mortelle ne peut réellement dire non à Zeus. Héra préfère châtier des victimes plutôt que le vrai coupable et ça, ça lui enlève pas mal de points de capital sympatoche.

Une mère indifférente ?

Héra est la maman d’Hébé, Arès, Ilithyie et Héphaïstos. On lui prête peu d’instinct maternel de manière générale. D’ailleurs, en constatant le handicap de son fils Héphaïstos à la naissance, elle l’aurait balancé du haut de l’Olympe.

Une réputation construite par des hommes

Il existe plusieurs versions de la chute d’Héphaïstos. Dans L’Illiade, L’enfant a pris le parti d’Héra dans une dispute avec Zeus et c’est ce dernier qui le jette du haut de l’Olympe. Mais plus tard dans le récit, le dieu forgeron raconte à Achille comment sa mère s’est débarrassée de lui. 

À la décharge de la déesse Héra, son histoire – et celle de toutes les femmes de la mythologie– est racontée par des hommes. 

Le portrait de cette déesse jalouse, amère et acariâtre est largement exagéré.

Héra et L’oracle Catastrophique des dieux grecs

La belle Héra fait partie d’un projet illustré intitulé L’oracle Catastrophique des dieux grecs, dans lequel nos divinités dispensent leurs pires conseils avec humour.

Le message d’Héra : 

La fidélité est le ciment d’une union heureuse, mais nous connaissons toutes la faiblesse des hommes devant la tentation. Il est de notre devoir de les protéger de leurs élans. Si tu sens que ton époux est en proie à des tourments que tu n’as pas causés toi-même, veille sur lui. Débarrasse-toi du problème rapidement et sans hésitation. Ne laisse pas à ta rivale le temps de s’insinuer dans ton couple. 

Si possible, fais en sorte que ton aimé sache que cela venait de toi. Qu’il comprenne que tu seras forte pour vous deux.”

Où trouver cette peinture d’Héra

Si tu as envie de posséder un exemplaire d’Héra en peinture, tu pourras bientôt te procurer un tirage d’art de qualité musée dans la boutique en ligne. Il s’agit d’une édition limitée à 100 exemplaires, tout le monde ne profitera pas de la protection de la déesse du mariage !

Marie-Gaëlle

Marie-Gaëlle

Artiste indépendante - Illustratrice

  • L'Oracle des Gardiennes sacrées aux Editions Eyrolles - 2022
  • Le tarot de l'Éternel Féminin : Chemins de l'âme aux Editions Eyrolles- 2024

Créatrice d'univers féeriques, féminins et délicieusement érotiques à l'aquarelle.

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